GUSTAVE COURBET ET LA FRANCHE-COMTÉ
Collaborateurs : ouvrage collectif
Éditeur : Somogy éditions d’art, Paris 2000
Prix : 29,73 €
Nombre de pages : 189 pages
Année : 2000
Jean-Louis Clade évoque les manouvriers dans
la société rurale en Haute-Saône de 1840 à 1880
Extrait
Dans la diversité des catégories paysannes du milieu du XIXe siècle, il est un groupe difficile à cerner, celui des manouvriers ou journaliers. Ils ne sont pas domestiques mais, comme eux, ils n'existent pas sans le propriétaire. Et ces manouvriers, sont-ils propriétaires ? Que possèdent-ils ? Une maison ? Un lopin de terre ? Alors, ne sont-ils pas du rang de ces petits paysans du bas de l'échelle sociale ? Ils en sont proches et, pourtant, ils sont encore en dessous d'eux, vrais prolétaires, dont l'existence nous est mal connue parce que la pauvreté marque peu l'Histoire. Qu'en est-il des manouvriers du "bas pays" et, particulièrement, dans le département de la Haute-Saône ?
La place des manouvriers dans la société paysanne
En 1851, la population haut-saônoise compte 90 % de ruraux, dont la plupart travaillent la terre. On distingue alors cinq classes de cultivateurs : les propriétaires-cultivateurs, les fermiers, les métayers ou colons, les journaliers et les domestiques.
La situation de chaque classe révèle toute la complexité de la société paysanne de cette époque. Si l'on considère l'ensemble des exploitants, dominent les propriétaires-cultivateurs (36 %) qui exploitent leurs terres et en vivent, employant ou non de la main-d'oeuvre, à savoir des domestiques ou des journaliers, en fonction de l'importance de leur bien. Cependant, certains de ces propriétaires-cultivateurs (19 %) ne possèdent pas suffisamment de terre : pour vivre décemment et se trouvent par conséquent contraints de louer et de travailler la terre d'autrui comme fermiers en plus de leur bien propre.
Les quatre autres classes sont censées ne rien posséder. Le fermier et le métayer (11 %) louent par bail à un propriétaire les terres qu'ils exploitent. Toutefois, ils peuvent être propriétaires de quelques arpents. Ils rejoignent donc la classe des propriétaires-cultivateurs. Une précision : sans la vigne, le métayage (5 %) n'existerait pas en Haute-Saône. La quatrième catégorie est celle des journaliers. Là encore, le clivage est difficile à cerner entre ceux qui ne possèdent rien, si ce n'est leurs bras qu'ils louent à la journée, et ceux (8 %) qui détiennent un lopin de terre sur lequel est construite leur masure. Les premiers s'apparentent aux mendiants. Les seconds, s'ils afferment quelques ares, se rapprochent de la catégorie des fermiers ...