AU FIL DE LA LOUE
Extrait de la préface de Jean-Louis CLADE
De la plaine de la Saône aux monts du Jura, en gravissant l’étagement des plateaux, notre Franche-Comté, se surpasse souvent pour offrir des sites sublimes. Et il en est un que le promeneur ne peut oublier : la Vallée de la Loue.
En 1564 déjà , elle ne laissait pas insensible le cardinal de Granvelle, alors en villégiature dans son prieuré de Mouthier, puisqu’il écrivait : « Je suis en doux lieu avec force belles montagnes, fertiles de tous cotés, remplies de fort belles vignes et de toutes sortes de fruits. Les vallées sont belles et larges, l’eau clair comme le cristal, une infinité de fontaines, des truites et ombres innombrables et les meilleurs du monde. D’un coté chaleur grande, et de l’autre quelque chaud qu’il fasse, un frais délectable. Il n’y a faute de bonne compagnie du pays, de parents et d’amis, avec les vins les meilleurs, comme vous le savez, du monde ! »
En 1592, Loys Gollut, premier historien franc-comtois, attribue, à l’origine du nom Loue, celui de Louve, « … rivière non seulement courante, mais furieuse et ravissante, prenant de sa rage le nom de Louve qui lui convient fort proprement. »
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Ce parcours pittoresque, andré Choteau le concrétise par la photographie. Mais le réel n’échappe jamais à la poésie de l’instant, dominé par la lumière changeante selon les heures de la journée ou selon les saisons. Une lumière qui illumine la pierre des falaises comme celle des maisons ; une lumière qui anime de mille rais les brumes du matin ; une lumière qui se reflète dans le flot paisible ou qui irise l’écume heurtant la roche ; une lumière qui se glisse au cœur des sous-bois ou qui joue avec l’eau des cascades qu’elle transforme en vaporeuses robes de perles, parures des fées, de la Vouivre. Les photos d’Andrée Choteau transcendent les charmes de la vallée, y introduisent du mystère …
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Les dessins de Jacques Lacoste, empreints aussi de poésie, jouent sur un autre registre. Le passage de la couleur au noir et blanc offre une transition inattendue qui arrête le regard, par la précision du tracé. Rien de manque : pierres, tuiles, linteaux sculptés, accolades … Le dessinateur est un subtile et redoutable observateur. Aucune froideur dans la réalisation, mais une ineffable douceur guide le trait à la mine de plomb sur le grain du papier, témoignant, avec une grande délicatesse, des ruelles, façades et paysages … A la force parfois brutale de la rivière, Jacques Lacoste répond par la sérénité et une force qui laissent admiratif … son crayon enfante des dessins qui touche au cœur.
La succession des photos et des dessins, au fil de l’eau, nourrit le rêve dicté par la beauté des sites. Quelques mots, quelques lignes suffisent à localiser les lieux et à les caractériser.
Pour la publication de ce livre, les artistes ont sollicité l’éditeur Serge Reverchon. Guidé d’abord par la qualité, on peut parler de talent : ce livre est aussi beau que son sujet … les trois compères sont amis et passionnés par la Franche-Comté, ses paysages et son histoire. Pour exprimer toutes les facettes de la Vallée de Loue, ils ont souhaité un écrin : c’est une réussite !