LES MÉDECINS CONFRONTÉS Á QUELQUES MALADIES ÉPIDERMIQUES
AUX XVIIIème ET XIXème SIÈCLES EN FRANCHE-COMTÉ
La médecine autrefois ? L'historien Jean-Louis Clade dans un ouvrage que viennent de publier les Éditions Horvath, Médecins, médecines et superstitions dans la Franche-Comté d'autrefois et dans le Pays de Montbéliard, évoque sous tous ses aspects la lutte des hommes contre la maladie, la souffrance et la mort ; Une passionnante histoire qui ne se cantonne pas seulement à l'évocation des médecins que formait l'Université comtoise, mais qui s'intéresse aussi aux pratiques des guérisseurs et des barreurs, aux superstitions. Il nous invite ici à découvrir comment les médecins d'autrefois traitaient ce qu'ils appelaient les "maladies épidémiques" avec les connaissances qu'ils en avaient avant les travaux fondamentaux de Pasteur ...
La peste, la variole, de sinistre mémoire, qui tiennent une large place dans l'ouvrage, ne seront pas abordées ici, si ce n'est à titre d'exemple. L'auteur a privilégié d'autres maladies qui pour être moins souvent évoquées n'en étaient pas moins meurtrières ...
Le médecin habitait la ville ou à la rigueur le bourg, et il était surtout sollicité par les gens aisés. Par suite du discrédit attaché aux métiers manuels dans la profession, par peur d'une quelconque contagion ou plutôt par ignorance, il n'auscultait pas, ne palpait pas le malade. Il cherchait avant tout à se protéger. Quand il venait visiter, il exigeait que le malade fermât les yeux et se recouvrît de son drap, ou qu'il portât devant la bouche une éponge imbibée de vinaigre ... Il tâtait le pouls, examinait les urines, les fèces, puis se lançait dans un long exposé qui, le plus souvent, n'avait rien à voir avec la maladie. De toute façon, quel que fût le diagnostic, la médication ne variait guère : saignée et clystère étaient les remèdes universels. On purgeait et surtout on saignait pour tout, à tout propos et à tout âge : bronchites et catarrhes, fièvres et maladies de peau, migraine et maux de dents, coups et blessures ... Pour clore le traitement, on administrait quelque électuaire et "Dieu aydant", on attendait la guérison.
Longtemps, le soin de toucher le malade fut abandonné au chirurgien, le " manuel ", qui devait se conformer aux indications du médecin. Aussi voyait-on fréquemment les deux hommes au chevet d'un même malade, qui relevait de l'un pour ses blessures et de l'autre pour son état fiévreux. Bien entendu, les hommes de l'art étaient rarement d'accord et ne cessaient de discourir et de disputer, évoquant Hippocrate et Galien, tandis que le patient doucement mourait, victime de la savante polémique. Caricature ? Jusqu'au milieu du XVIIIe siècle et même au-delà, proliféra cette espèce de médecin que, Molière sut si bien moquer.